Citation d’André Gide.
Si l’intelligence, c’est la faculté d’adaptation, la notion même d’adaptation est en profonde mutation. On identifie l’adaptation à la théorie darwinienne de la sélection naturelle. Cette théorie induit la croyance que les relations entre espèces au sein des écosystèmes se résument à la compétition et à la prédation.
Aujourd’hui, cette croyance se nuance fortement chez les biologistes, les primatologues, ou chez les neuroscientifiques.
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On sait dorénavant que plus les ressources manquent, plus les êtres vivants collaborent. Quand les ressources sont nombreuses et riches, les êtres vivants deviennent compétitifs. L’exemple du pin à écorce blanche et du sapin des Rocheuses est significatif : dans des conditions difficiles, ils s’entraident et quand les conditions sont bonnes, ils entrent en compétition.
En réalité, la collaboration est la forme la plus répandue de l’adaptation dans la nature. D’autres exemples le prouvent : des manchots qui se blottissent les uns contre les autres pour se tenir chaud et qui se relaient pour occuper la position la plus inconfortable, à la domestication des pucerons par les fourmis. Dans la nature, l’adaptation est une question de vie et de mort. Les animaux savent que quand la compétition est trop dangereuse, il faut être efficace.
Face à de gros changements, une entreprise qui ouvre des espaces collaboratifs permanents entre des services pluriels et diversifiés (à la manière des techniques de la permaculture) offre une grande adaptabilité aux défis.
Ces espaces poreux et denses stimulent l’innovation, la création d’un « nous », l’intelligence collective et la mutualisation. L’indépendant, imbriqué dans un réseau très diversifié, s’adapte alors mieux et durablement.
Gabriel de Richaud
Consultant senior chez Reor
Illustration de l’article :
Paul-Philippe Sanguin de Jossigny, 1750-1827, est un militaire, capitaine, ingénieur et dessinateur pour Philibert Commerson, médecin, explorateur et naturaliste français.